Nous célébrons la bande-son des films
l'impact émotionnel de la musique dans les films
Un duo dans le monde de l’imaginaire
Il est difficile d’imaginer ce que seraient les œuvres cinématographiques majeures sans les bandes sonores qui les accompagnent. Auraient-elles bénéficié du succès retentissant que l’on connaît ? Seraient-elles devenues des œuvres remarquables et respectées ? La réponse est simple : c’est peu probable. L’utilisation de la musique dans un film peut être essentielle au résultat final et, dans certains cas, elle peut même être plus mémorable que les aspects visuels.
Au fil des ans, de nombreuses musiques ont suscité un lien émotionnel si puissant qu’elles sont devenues des icônes culturelles. Prenez le film « Les Dents de la mer » de Steven Spielberg, par exemple, ce film qui a rendu les gens terrifiés à l’idée de se baigner dans l’océan – ou dans n’importe quel autre point d’eau d’ailleurs. Lorsque l’on se représente un requin glissant dans les sombres profondeurs, le son sinistre qui nous vient immédiatement à l’esprit fait « tin tin… tin tin… ». La musique « James Bond Theme » de John Barry est un autre exemple classique. Il s’agit d’un arrangement orchestral dont les premières notes suffisent à donner à n’importe qui l’impression d’être un agent secret, vêtu d’un smoking, doté d’une arme et au volant d’une voiture ultra puissante.
Il arrive qu’un musicien, un chanteur ou un auteur-compositeur célèbre soit chargé de composer la musique d'un film, et parfois d’endosser le rôle de personnage principal. L’esthétique et le style musical futuristes des Daft Punk étaient parfaits pour leur participation au film « Tron : l’héritage », tout comme la proposition mélancolique d’Arcade Fire pour l’incroyable histoire d’amour du film « Her ». Elvis Presley, le roi du rock’n roll, a non seulement joué dans « Le rock du bagne », mais il a également enregistré et interprété la plupart des principaux morceaux musicaux du film.
Toutefois, la musique ne doit pas être nécessairement créée sur mesure. Repensez à la scène du film « Reservoir Dogs » de Quentin Tarantino où l’on entend le titre « Stuck in the Middle with You » de Stealers Wheel – nous n’entrerons pas dans les détails ici, mais oui, il s’agit bien de la scène de l’oreille. Ces messages mémorables s’étendent même aux séries télévisées, notamment « Friends » et « X-Files », pour n’en citer que quelques-unes. Leurs bandes sonores et leurs musiques sont ancrées dans notre subconscient et il est presque impossible d’entendre ces morceaux sans reconnaître instantanément leur contribution au cinéma et à la culture pop.
Mais qu’est-ce qui relie précisément ces morceaux de musique au public sur le plan émotionnel et qui donne lieu à une grande musique de film ? Il existe sans aucun doute des éléments nostalgiques à prendre en compte, ainsi que les références culturelles constantes associées aux génériques que nous entendons quotidiennement, sans parler de notre exposition répétée à ceux-ci et à leurs compositeurs. Les thèmes à aborder sont nombreux. Alors, ne perdons plus une minute et... Action !
L’importance de la musique
George Lucas a dit un jour : « Le son représente 50 % de l’expérience cinématographique ». La musique et le son contribueront toujours à renforcer le lien émotionnel que nous entretenons avec un événement ou une expérience spécifique et à influencer nos sentiments, il est par conséquent naturel qu’ils produisent une impression qui perdure tout au long d’un film.
Le rôle de la musique dans un film peut donner aux spectateurs des indices sur ce qui va se passer, sur le ressenti qu’une scène particulière doit susciter ou sur les sentiments du protagoniste et de l’antagoniste. Ce dernier aspect contribue certainement à immerger les spectateurs et à créer des personnages envers lesquels ils peuvent faire preuve d’empathie ou, au contraire, de mépris. Selon le type de film que vous regardez, qu’il s'agisse d’un film de science-fiction animé par des cordes stridentes rappelant la musique d’Ennio Morricone pour « The Thing », d’une épopée historique à l’image de « Dunkerque » avec un grondement de basse inquiétant qui vous crispe littéralement ou d’un classique de l’animation familiale avec des progressions dans un univers fantasmagorique comme celles que l’on trouve dans « Le voyage de Chihiro » des studios Ghibli, l’exécution de la partition et le ressenti qu’elle évoque peut en fin de compte améliorer ou modifier la façon dont une scène est perçue.
Dans le livre « Ennio Morricone: In His Own Words », paru en 2019 et qui lui est consacré, Ennio Morricone explique : « La plupart du temps, les spectateurs vivent la musique d’un film comme une suggestion subconsciente... En d’autres termes, la musique parvient à montrer ce qui n’est pas visible, à aller à l’encontre des dialogues ou, plus encore, à raconter une histoire que les images ne montrent pas ».
À contre-courant
Les clichés habituels associent les sonorités inquiétantes d’un thérémine à un film de science-fiction ou une chanson d’amour sentimentale à une comédie romantique, mais parfois, lorsque cela est fait correctement, l’utilisation d’un son « anempathique » volontairement décalé dans un film peut donner des résultats exceptionnels. Quentin Tarantino en est un fervent défenseur – vous souvenez-vous de la scène de « Reservoir Dogs » mentionnée précédemment ? La scène finale du film « Docteur Folamour » de Stanley Kubrick, lorsque des bombes atomiques pleuvent au son de « We’ll Meet Again » de Vera Lynn, est un autre exemple fantastique, tout comme Louis Armstrong qui chante l’absurdité de la destruction dans le film « Good Morning, Vietnam » avec le titre « What A Wonderful World ». Cette juxtaposition est un outil puissant et poignant qu’il est difficile d’ignorer et encore plus difficile d’oublier.
Si la musique peut être rattachée au genre général d’un film, comme nos cordes à la science-fiction ou l’utilisation opportune d’un tuba aux sonorités loufoques dans une comédie, un son distinctif jumelé à un personnage ou à un décor peut avoir un impact tout aussi mémorable. Un leitmotiv est un outil puissant qui permet d’associer une phrase mélodique, une figure ou un son à un personnage, une idée ou un décor et de donner le ton. À l’image du thème reconnaissable entre tous du film « Les Dents de la mer », celui de « La marche impériale » de John Williams associé à Dark Vador et le « boum » qui fait trembler la terre sous les pas du T-Rex dans « Jurassic Park » peuvent rapidement faire naître la peur dans le cœur du public et lui faire comprendre que les choses sont sur le point de prendre une mauvaise tournure. La peur n’est certes pas une émotion très agréable, mais il s’agit néanmoins d’une émotion puissante. Nous serons toujours hantés par une séquence de film si elle est réellement effrayante.
Des techniques qui contrastent
Les musiques de film se présentent sous de nombreuses formes. Qu’il s’agisse d’une partition sur mesure enregistrée par un orchestre, d’une œuvre composée électroniquement par un producteur ou d’une sélection triée sur le volet de chansons existantes qui correspondent à l’esthétique d’une scène, chaque méthode est soigneusement étudiée par le réalisateur et le producteur afin d’obtenir le résultat le plus mémorable possible – et d’amplifier l’aspect émotionnel de l’œuvre.
Grâce au travail de Steven Spielberg et de George Lucas, aux côtés John Williams, compositeur de génie et collaborateur de longue date (Les Dents de la mer, La liste de Schindler, Les aventuriers de l’Arche perdue, Jurassic Park), la partition orchestrale est devenue l’une des marques de fabrique les plus populaires des blockbusters. La musique classique possède une gamme variée de qualités émotionnelles, avec la capacité de fournir des nuances douces et sombres jusqu’à un paroxysme épique et triomphant. Ce déclenchement de sentiments fait de la partition orchestrale une méthode « testée et approuvée » pour créer un cinéma captivant, et elle expose le plus grand nombre à davantage de musique classique.
Tout commence par une chanson
Il arrive parfois que la priorité soit accordée aux chansons. Le film « Baby Driver » d’Edgar Wright raconte les aventures d’un chauffeur de braqueurs de banques qui s’enfuit au son d’une sélection de morceaux classiques soigneusement choisis. Le film porte même le titre de la chanson éponyme de Simon et Garfunkel. Les différents tubes de cette bande-son constituent la base autour de laquelle de nombreuses scènes ont été construites, synchronisant les scènes d’action avec des hymnes qui sont autant de symboles de différentes décennies.
Cette façon de travailler sur une bande-son de film était nouvelle pour Julian Slater, deux fois nommé aux Emmy Awards, qui a dirigé l’équipe musicale derrière la magie à l’écran. S’adressant à Digital Trends, il explique : « Les personnes qui évoluent dans la communauté du son travaillent généralement en timecode, mais pour ce film, nous avons dû changer de méthode et travailler en mesures et en rythmes ». C’est ce travail tout en harmonie qui fait la réputation du film, et qui en fait l’un des meilleurs exemples de collaboration à plusieurs niveaux entre le monde du cinéma et celui du son. L’utilisation de chansons ayant des liens émotionnels avec le public, qui prennent vie grâce à des scènes soigneusement conçues, a été la recette du succès.
Inventer de nouveaux instruments
Dans certains cas, lorsque les compositeurs et les ingénieurs collaborent pour créer une musique résolument innovante, ils fabriquent leurs propres instruments pour forger des sons nouveaux et inventifs qui correspondent à la toile de fond du film. La musique oscarisée de Hans Zimmer pour le film « Dune » en est un exemple phénoménal. Dans une interview accordée à Vanity Fair, à propos de la musique de cette épopée sortie en 2021, Hans Zimmer explique qu’il n’a jamais compris pourquoi les films de science-fiction, à l’instar de Star Wars, 2001 : l’Odyssée de l’espace, Alien et tant d’autres utilisent des éléments aux sonorités aussi terrestres que les orchestres. « Nous sommes supposés nous trouver sur une autre planète, dans une autre culture. Nous sommes supposés nous trouver dans le futur. » Cet instinct visant à créer des sons venus d’ailleurs a poussé Hans Zimmer à « inventer des instruments qui n’existent pas, des sons qui n’existent pas ».
Pour ce faire, il s’est inspiré de la voix humaine, l’un des instruments les plus naturels et intemporels qui, associé à la compression, à la réverbération et à toute une série d’autres effets, peut créer un son à la fois organique et surnaturel. Par ailleurs, pour reproduire le son du vent sifflant dans les dunes du désert, il a fait appel à l’expertise du flûtiste Pedro Eustache qui, en associant une flûte contrebasse à un ancien instrument à vent arménien, le duduk, a pu créer des sons inédits. Il en résulte une musique saisissante qui s’accorde parfaitement avec la nature mythique du film.
Des souvenirs gravés dans nos mémoires
La musique est le fruit de l’émotion, raison pour laquelle elle établit un lien avec celui ou celle qui l’écoute à un niveau personnel. C’est ce sentiment que l’on retrouve dans le monde du cinéma ; et lorsque les images sont associées à la musique, elles contribuent à renforcer le lien avec l’expérience. Dans un monde en permanence connecté, il est difficile d’éviter ces motifs musicaux lorsque leur statut culturel est si riche. Ils nous aident à revivre les souvenirs précieux de la première fois où nous sommes tombés amoureux d’un film et peuvent déclencher le sentiment d’être totalement captivé(e).
Qu’il s’agisse de nuances subtiles faisant allusion aux actions de notre héros ou de notre héroïne, de techniques utilisées pour préfigurer quelque chose de mystérieux ou pour nous donner l’impression de vivre par procuration à travers les personnages, la musique de film nous fera toujours vivre une expérience viscérale et chargée en émotions.
Nous sommes convaincus que plus la qualité du son est grande, plus vous ressentirez les émotions lorsque vous plongerez dans un grand film. En tant que mélomanes passionnés de musiques de films, il est gratifiant de faire partie intégrante de la création de tant de films – en particulier de certains de nos préférés. Les enceintes de la gamme 800 Series Diamond de Bowers & Wilkins sont présentes dans les studios d’enregistrement les plus réputés au monde, tels que les studios Abbey Road, où nous avons enregistré, écouté et conçu d’innombrables musiques révolutionnaires et contribué à transmettre ces émotions au plus grand nombre.